jeudi, 08 décembre 2005
Compte rendu de mandat de Bertrand Delanoë : un show bien huilé (1/2)
Lundi 5 décembre 2005. Dans un gymnase de la rue du Commandant Mouchotte dont tous les accès viennent d'être soigneusement récurés par les services de la Ville, Bertrand Delanoë vient faire son compte rendu de mandat annuel devant une foule attentive.
Allons-y directement : cet exercice de démocratie directe est une escroquerie intellectuelle. Il sonne faux. A force d'être trop cadré dans sa communication, de nous étourdir par sa maestria verbale, d'endosser les habits des plus nobles chevaliers pour mieux enfoncer à la cantonade toutes les portes ouvertes des plus belles luttes, d'être de tous les combats et élans compassionnels du camp des Justes, Bertrand Delanoë en devient imperméable, inaccessible, factice.
D'autant que le déroulement de la soirée aura laissé sur leur faim tous ceux qui attendaient des réponses précises du Maire de Paris. Une heure de discours suivie d'une heure de questions suivie d'une grosse demie-heure de réponses... On imagine la difficulté pour un professionnel de la politique comme Bertrand Delanoë, de répondre avec une heure de recul aux questions d'habitants intimidés par un micro... Et même pas une deuxième séance de questions pour que les éventuels mécontents ou insatisfaits puissent venir à nouveau s'exprimer. Avec un schéma de réunion comme celui-ci, notre Maire de Paris ne risque pas de perdre la face. Certains communiquant jugent peut-être cela habile, mais nous avons trouvé cela plutôt grossier et pas très courageux. La démocratie directe devrait sans doute s'organiser avec plus de spontanéité, dans un échange véritable.
D'autant que les réponses apportées ne sont finalement pas à la hauteur. De l'art de botter en touche... Car, si certains habitants étaient visiblement venus avec leurs questions en poche, Bertrand Delanoë était, lui, venu avec ses réponses toutes faîtes en tête, préférant déléguer aux élus de sa majorité présents en nombre - à l'exception remarquable de René Dutrey, Président du groupe Vert au Conseil de Paris - le soin de se débrouiller avec les questions les plus pointues... Bertrand Delanoë ne répond pas sur les questions concrêtes. Il est dans la Geste, les grandes lignes, la poésie sociale épique et les grandes luttes solidaires qui font vibrer les meilleures heures du Zola qui sommeille en chacun de nous...
Qu'avons-nous donc appris au milieu de ce fatras de bonnes nouvelles assénées comme telles et de formules communiquantes et creuses distribuées avec le sourire mécanique des grands showmen du music-hall ? Pas grand chose. Allez, au milieu de ce florilège, deux infos.
La concertation sur l'accompagnement artistique du tramway tout d'abord. "Elle aurait déjà du démarrer, selon Betrand Delanoë puisque j'ai déjà été consulté..." Aveu confondant d'un Maire de Paris, général en chef de l'armée morte de ses consultants, surpris que sa-démocratie-locale-à-lui puisse dysfonctionner sans qu'il ne s'en rende compte. Car interrogé lors de ses comptes rendus de mandat, Pierre Castagnou nous a déjà confirmé d'une part qu'il n'y aurait pas de concertation mais une réunion d'information des habitants et d'autre part que la Ville ne saisirait pas cette occasion pour promouvoir des artistes du XIVe arrondissement. 4 millions d'Euro seront donc bien dépensés pour installer durablement sous nos fenêtres des oeuvres d'art sans que les habitants du XIVe aient eu leur mot à dire. La concertation, il y a ceux qui en parlent... Espérons simplement que nous échapperons à la fameuse saucisse sur un Doughtnut.
[suite de notre compte rendu du compte rendu, demain...]
Pierre
Plus d'info :
+ Notre reportage photo.
+ Le Journal des bonnes nouvelles parisiennes - édition 2005 est disponible en ligne en cliquant ici.
+ Un autre regard sur ce compte rendu mandat ? Les articles de ParisXIV.com ou de 13EspritMedia.
07:00 Publié dans 14e arrondissement, 14e solidaire, Circulation & transports en commun, Logement, Mairie du 14e, Vie Citoyenne | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : Paris 14e arrondissement